O OLHAR DO ESCRITOR E PESQUISADOR EM ANTROPOLOGIA ALI BABAR KENJH SOBRE O ESPETÁCULO "PRESENÇAS".
MARSEIILE 2013
Interroger la présence de l’Homme au monde c’est,
nous donne à voir le chorégraphe Patrick Servius, retremper dans la mangrove
primordiale d’où la vie s’est échappée de sa moite intériorité pour projeter
ses racines sur les rives de la matière etdu mouvement. La présence est ce
projet d’élévation qui, de la gravité de nos ancrages à la terre aux
fulgurances du corps, nous porte à l’Autre et au partage. La présence est cette
tresse des flux mémoriels qui agite l’infinie recomposition du corps et de ses
désirs. Ainsi danse la dernière création de la Cie du Rêve de la Soie, qui va
puiser dans la densité amazonienne de Manaus (Brésil) la dramaturgie charnelle
des pulsions primitives et l’entrelacs initiatique des émergences collectives.
Le corps, cette grande foule solitaire, s’enlace,s’élance, s’alliance au ballet
des tensions, sur la ligne de crête des cinq traces qu’exhale la transe des
artistes sur les percussions intimes de la Forêt et du Fleuve. Comme autant de Présences, intenses et sensibles. Comme
autant de remontées vers l’essence d’où fleurissent les gestes et le mouvement.
Alors, par le rituel ancestral de la liberté convoquée, une paix nouvelle se
dresse, enfin couronnée de la Parole. A l’appel en nous-mêmes de l’humain et de
la beauté. On comprend ainsi l’impératif de sortir de soi pour se (re)trouver,
de risquer l’en-aller vers la différence pour mieux peser de son poids propre.
Et l’urgence de libérer l’espérance des peurs que la mémoire du corps archive
dans l’inconscient de notre pure humanité... Sans doute est-ce là la plus
essentielle leçon que nous offre ce projet fraternel et ambitieux où les
foisonnements fascinants du Nouveau Monde enfantent l’horizon éternel de la
Vie...
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